Les affaires tournent bien pour Etienne Schneider, l’ex-ministre socialiste de l’Economie, converti dans le secteur privé depuis le mois de février 2020. En neuf mois et malgré la pandémie, sa société de conseil a réalisé un chiffre d’affaires proche des 900.000 euros et a dégagé un bénéfice.

Il a retrouvé sa vie privée le 4 février 2020 en démissionnant de son poste de vice-président du gouvernement et de ministre de l’Economie. Depuis lors, ses affaires sont florissantes. Etienne Schneider empile les conseils d’administration dans les entreprises privées et les contrats de consultant avec la société anonyme Beta Aquarii qu’il a constituée au printemps 2020, en plein confinement, avec un capital de 30.000 euros.

La société de conseil économique a publié ses premiers comptes fin juillet au Registre de commerce et des sociétés. L’exercice 2020, qui a démarré le 20 avril, affiche à son compteur un résultat net de 210.000 euros pour un chiffre d’affaires de 864.020 euros. Les impôts sur le résultat se sont élevés à 68.000 euros, ce qui porte le taux à un peu plus de 30%.

Efforts perpétuels d’adaptation

«Cette crise actuelle n’est pas susceptible de remettre en cause la continuité de ses activités au regard de l’efficace réorganisation et de ses efforts perpétuels d’adaptation afin de limiter au maximum les impacts financiers et humains de la crise», énonce le rapport annuel 2020. Une formule un peu enigmatique, qui semble tout droit sortie d’un manuel d’auditeur pour un auto-entrepreneur qui vient d’arriver sur le marché de la consultance.

Beta Aquarii fait état dans son bilan d’un seul salarié à plein temps, par ailleurs payé au plancher. Elle a en effet servi 27.000 euros de salaires et traitements l’année dernière, ce qui ramène la rémunération mensuelle brute à 3.375 euros.

Le bilan de l’entreprise d’Etienne Schneider mentionne une correction de valeur de 387.000 euros, d’un montant identique aux prêts et avances faits à des entreprises liées. Aucune information ne transparaît sur leur identité ni la nature de leur activité.

Etienne Schneider a marché sur les traces de son prédécesseur socialiste au ministère de l’Economie Jeannot Krecké, qui a aussi été son mentor dans les affaires. Les deux hommes ont échappé à la période de carence de deux ans que le futur code de déontologie prévoit d’imposer aux membres du gouvernement qui passent dans le secteur privé pour limiter les conflits d’intérêts.

Lui-même converti dans les affaires au lendemain de sa démission du gouvernement en 2012,  Krecké a ouvert à Schneider les portes de conseils d’administration: d’abord chez Arcelor-Mittal en mai puis en juin chez Sistema, le conglomérat russe de l’oligarque Vladimir Evtushenkov qui est actionnaire de la banque East-West United Bank à Luxembourg. Les deux mandats avaient rapporté quelque 400.000 euros à leurs administrateurs en 2019.

Après Besix, Lux-TP

En juillet 2020, l’ancien vice-président du gouvernement a été coopté administrateur du groupe de construction belge Besix, 12.000 employés, un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros en 2020 et très actif au Moyen-Orient.

Au mois de juin dernier, Besix annonçait la nomination d’Etienne Schneider à la présidence de sa filiale luxembourgeoise Lux-TP. Dans le même sillage, Beta Aquarii a également obtenu un siège d’administrateur dans cette société de construction qui ne sert pas de rémunération à ses membres, à tout le moins pas jusqu’à présent.  Aucune information ne transparaît par ailleurs sur les émoluments distribués aux administrateurs de Besix, composés uniquement d’hommes tout comme son comité de direction.

Les parcours des deux auto-entrepreneurs Jeannot Krecké et Etienne Schneider se ressemblent. Le premier avait créé quelques semaines après sa démission du gouvernement en 2012 la société de consultance Key International Strategy Services, sous la forme d’une sàrl. Son chiffre d’affaires engrangé lors du premier exercice fut de 176.000 euros. En 2020, le résultat net s’est affiché à 173.000 euros, contre 195.000 en 2019 et 250.000 un an plus tôt.

Key International Strategy Services s’est servi un dividende de 200.000 euros l’année dernière. Beta Aquarii indique ne pas avoir distribué de rémunération aux membres de ses organes de gestion et de surveillance qui se résument d’ailleurs à une seule personne: Etienne Schneider.


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