La ministre de la Santé Paulette Lenert remet en cause la pertinence d’un déménagement de ses services à la Cloche d’Or. Un rapprochement géographique avec la Direction de la Santé à Hamm est à l’étude. La crise sanitaire plaide pour une proximité des deux administrations.
Paulette Lenert revoit les plans de son prédécesseur au ministère de la Santé pour l’occupation des 4.676 mètres carrés de l’immeuble Darwin II à la Cloche d’Or, projet du promoteur Flavio Becca et du groupe belge Extensa. Prévu pour 2022, le déménagement dans le bâtiment développé par le fonds d’investissement immobilier non règlementé Grossfeld PAP semble en effet compromis. La ministre de la Santé réfléchit à une implantation de ses services dans un immeuble de Hamm où la Direction de la Santé est déjà installée.
«Des réflexions sont encore en cours dans le sens d’une collaboration optimisée entre le ministère et la Direction de la Santé», explique une porte-parole du ministère de la Santé à Reporter.lu.
Le choix de Hamm n’a pas été confirmé. Selon un scénario probable, le ministère de la Santé s’installerait d’ici 2022 dans un bâtiment actuellement occupé par le ministère de la Famille et de l’Intégration. «Des discussions sont actuellement en cours entre les parties prenantes mais aucune demande officielle n’a été faite jusqu’à ce jour», fait savoir le ministère de la Santé.
Il semble désormais acquis que l’option de la Cloche d’Or a été abandonnée. Pour autant, le contrat de bail de 9 ans, assorti d’une option d’achat que le ministère des Finances, autorité compétente en matière d’immobilier, a négocié et signé fin 2018 avec le propriétaire ne sera pas rompu. «Dans le cas où le ministère de la Santé déciderait de ne pas déménager dans l’immeuble Darwin, un autre occupant sera désigné», explique le ministère des Finances, interrogé par Reporter.lu. Le propriétaire a été informé des hésitations de Paulette Lenert.
Discussions en cours
Les réticences de la ministre la plus populaire du gouvernement Bettel ne sont sans doute pas étrangères aux révélations de Reporter.lu sur les conditions de négociation entre Grossfeld PAP, dont Flavio Becca est co-actionnaire, et l’ancien Vice-Premier ministre Etienne Schneider, LSAP, présenté comme un proche du promoteur.
Initialement, l’immeuble Darwin devait abriter des services du ministère de la Défense, lorsqu’Etienne Schneider en détenait le portefeuille. Toutefois, à son arrivée à la Défense en décembre 2018, le nouveau ministre François Bausch, Déi Gréng, revint sur le choix de son prédécesseur socialiste et mit son dévolu sur un immeuble du Kirchberg (construit par le Fonds d’urbanisation du Kirchberg).
Nommé à la Santé, Schneider reprit le projet Cloche d’Or à son compte pour y implanter son ministère, mais sans la Direction de la Santé. Encore installé à la Villa Louvigny, l’ancien siège de la CLT, le ministère de la Santé devra rétrocéder ce bâtiment au ministère de la Culture, selon l’accord de coalition de décembre 2018.
Relayées par l’opposition, les révélations de Reporter.lu ont conduit le ministre des Finances Pierre Gramegna, DP, à s’expliquer au sujet du contrat passé entre l’Etat et Grossfeld PAP, constitué sous la forme d’un fonds d’investissement alternatif réservé (FIAR). Un véhicule financier non règlementé par la CSSF (à tout le moins pas directement) de la même famille que les fonds d’investissement spécialisés (FIS) qui soulève la controverse dans la classe politique et dans la société civile en raison de leur fiscalité presque à zéro sur les actifs immobiliers. Sous pression de son électorat populaire qui peine à se loger à des prix abordables, le gouvernement a modifié, en le durcissant, le traitement fiscal des fonds immobiliers ayant des actifs au Grand-Duché. Ils sont désormais soumis à une taxation de 20% lors de transferts.
Le FIAR devient une sàrl
Le nouveau régime a d’ailleurs poussé Grossfeld PAP à transformer mi-novembre ses statuts et opérer des scissions et transferts d’actifs, principalement à la Cloche d’Or.
Ainsi, l’immeuble Darwin II a-t-il été transféré d’un des compartiments du FIAR vers une société à responsabilité limitée du même nom, laquelle en a également repris les dettes à court et long terme s’élevant à 17,153 millions d’euros, principalement liées à un emprunt bancaire auprès de BGL BNP Paribas pour en financer la construction.
Selon les informations fournies par Pierre Gramegna dans une question parlementaire de Diane Adehm, CSV, le contrat de bail avec le propriétaire prévoit une clause d’achat de l’immeuble, après 30 mois d’occupation, pour un montant de 41,31 millions d’euros.
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