C’est en «lanceur d’alerte» que le docteur Benoît Ochs s’est présenté cette semaine à la Cité judiciaire pour l’audience en appel contre le jugement du Conseil de discipline du Collège médical. En première instance il a été suspendu d’exercer la profession médicale pour un an.

Plus d’une centaine de personnes, mobilisées par les réseaux sociaux, étaient présentes ce mercredi dans la cour de la Cité judiciaire à Luxembourg-Ville pour soutenir le docteur Benoît Ochs et relayer en direct ses commentaires, sous le regard d’une demi-douzaine de policiers.

Deux heures et demie plus tard, à la nuit tombée, encore une cinquantaine de supporteurs étaient devant les portes du tribunal. Le docteur Ochs leur a dit être confiant qu’il a été entendu et que son rôle de «lanceur d’alerte» sera reconnu, appelant à changer des procédures qui empêchent les médecins de soigner leurs patients. Quelques minutes avant, il avait contesté devant le Conseil de discipline du Collège médical sa suspension en affirmant: «quelle que soit votre décision, je resterai droit et fier».

Traitement interdit et conseils douteux

Le Conseil de discipline du Collège médical, présidé par Pierre Calmes, avait constaté dans son jugement du 14 juillet 2021 que Benoît Ochs a violé les articles 13, 14, 18, 19, 20, 34, 35, 37, 56, 57, 73, 81 et 82 du code de déontologie, qu’il a refusé d’appliquer la lettre circulaire aux pharmaciens et aux médecins du 9 avril 2020 ainsi que l’ordonnance du 28 avril 2020 concernant les activités exercées en cabinet libéral.

Il lui est en particulier reproché de prescrire de l’hydroxychloroquine, médicament interdit par les autorités sanitaires dans le cadre du traitement du covid, mais aussi de contester le port du masque et l’utilité de la vaccination.

Son interdiction d’exercer pendant un an a été suspendue du fait de la procédure en appel. Le docteur Ochs continue à recevoir des patients à son cabinet de Gonderange. D’après lui, ses gardes à la Maison médicale d’Ettelbruck ont été suspendues.

L’audience de ce mercredi n’a pas apporté de nouveaux éléments. Chaque partie est restée sur ses positions. L’avocat du docteur Ochs, Christian Bock, a soulevé différents points d’irrecevabilité de la procédure engagée contre le docteur par le collège médical.

Il s’est par ailleurs attaché à montrer que le choix de soigner les patients avec des médicaments interdits par le protocole s’était fait en conscience, sur base d’études scientifiques prouvant leur effet thérapeutique.

La levée de la sanction demandée

Quant à la vaccination, elle devrait être liée à une analyse du rapport bénéfice/risque, en particulier chez les jeunes de moins de 30 ans. D’après son avocat, le docteur Benoît Ochs n’ayant jamais eu d’antécédents judiciaires ni porté préjudice à un patient, la sanction devrait donc être levée, voire «au pire un sursis intégral».

Le président du Collège médical, le Dr Pit Buchler, aussi bien que la juriste du collège, Valérie Besch, se sont attachés à étayer le bien fondé du jugement de juillet 2021.

Pour les plaignants, il ne s’agit pas d’un débat scientifique sur l’efficacité des médicaments, des masques ou des vaccins, mais du respect des circulaires ministérielles et du code de déontologie dans le cadre de la lutte globale contre la pandémie. Le docteur Ochs exerçant au Luxembourg dans le cadre d’une activité conventionnée, il doit se plier aux règles de ses autorités de tutelle.

Le prononcé du jugement en appel est fixé au 16 mars.