Dans le cadre de leur Plan d’Aménagement Général (PAG), les communes doivent faire un repérage des bâtiments à protéger. Un exercice qui n’est pas bien vu de tous. À Pétange, la collaboration avec le Service des Sites et Monuments Nationaux a tourné court. Son bourgmestre, Pierre Mellina (CSV), s’en explique.
Son nom est marqué en rouge sur la liste du Service des Sites et Monuments Nationaux. La commune de Pétange, 20.000 habitants répartis sur trois localités, est visiblement l’exemple à ne pas suivre en matière de protection du patrimoine local. Lors du repérage du patrimoine bâti effectué dans le cadre de son nouveau PAG, le Service des Sites et Monuments Nationaux (SSMN) a repéré 1.131 bâtiments à protéger. Or la liste déposée par la commune en a retenu seulement 181.
Il faut noter que le ministère de l’Intérieur, chargé de veiller à ce que les communes respectent leurs responsabilités en matière de protection du patrimoine local, n’y a rien trouvé à redire. Le PAG de Pétange a été approuvé en avril 2018. Par ailleurs, Pétange n’est pas la seule commune marquée du carton rouge du SSMN. On trouve aussi Frisange (81 objets protégés sur 147 repérés), Mersch (155 sur 332) et Wiltz (145 sur 370). La liste n’est pas exhaustive. Elle ne reprend que les 42 communes, sur 102, dont le nouveau PAG était validé par le ministère de l’Intérieur au 30 septembre 2019.
Pierre Mellina, pour sa part, a la conscience tranquille. «Il aurait fallu protéger 1.131 bâtiments sur environ 8.000 dans la commune? Mais c’est complètement exagéré!», s’insurge le bourgmestre. Il ajoute que si le Service des Sites et Monuments a son idée sur la conservation du patrimoine local, «c’est au Conseil communal de prendre ses responsabilités en la matière».
En l’occurrence, le conseil a identifié un certain nombre de «secteurs protégés d’intérêt local» qui couvrent environ 1.000 logements. Dans ces secteurs, les propriétaires doivent respecter les gabarits des maisons. Ils peuvent tout démolir, à condition que la reconstruction respecte cette jauge.
Nous avons suivi la recommandation du Service des Sites et Monuments, mais c’est nous qui avons dû nous défendre devant le tribunal.“Pierre Mellina, bourgmestre de Pétange
Par ailleurs, la commune de Pétange se dit irréprochable sur ses 181 immeubles qu’elle a protégés. Pour preuve, suite à la présentation du dernier PAG, le propriétaire d’une maison de direction nouvellement classée à Rodange a porté plainte. «Dans ce cas, nous avons suivi la recommandation du Service des Sites et Monuments, mais c’est nous qui avons dû nous défendre devant le tribunal», déplore au passage le bourgmestre.
Un choix politique
Le Conseil communal a-t-il les compétences pour juger de l’importance de conserver ou non un bâtiment? La question ne se pose pas, d’après Pierre Mellina: «Nous, on se fait une idée sur base des avis des différentes parties prenantes. Il faut aussi voir ce que les gens vont en dire».
Les gens aujourd’hui ne veulent plus vivre dans des maisons avec parquet et escaliers en bois.“Pierre Mellina, bourgmestre de Pétange
Or les réactions, à l’entendre, ne vont pas dans le sens du SSMN: «Les gens aujourd’hui ne veulent plus vivre dans des maisons avec parquet et escaliers en bois. Ils veulent disposer d’un garage. Très souvent, ils me disent qu’il faut tout refaire de fond en comble». Pierre Mellina regrette que le SSMN n’ait pas été là pour entendre les réclamations des citoyens lors des discussions autour du nouveau PAG. «Si certains bâtiments ont une telle importance patrimoniale, eh bien que le SSMN entame une procédure de classement national!»
À cet égard, il estime que l’introduction de «Secteurs protégés d’intérêt national», qui pourront être introduits par règlement grand-ducal dans le cadre de la réforme de la loi sur le patrimoine, sera une bonne chose: «C’est bien que l’État prenne ses responsabilités vis-à-vis des habitants dans les communes».
Sur la même thématique

