Patron de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) depuis 2014, Serge de Cillia va quitter son poste. Les raisons de ce départ tiendraient à son style de management et aux crispations avec certains membres du conseil d’administration de l’association.
Serge de Cillia, 58 ans, dont plus de 18 ans au service du principal lobby de la place financière, est en congé forcé. Il n’est pas certain de retrouver son poste. Mardi matin, des membres du conseil d’administration l’ont convoqué pour lui demander de prendre deux semaines de repos. D’après plusieurs sources contactées par REPORTER, il s’agit d’une suspension qui devrait déboucher sur son départ définitif.
«Le style de management du CEO de l’ABBL, des crispations avec le staff ainsi qu’avec certains membres du conseil d’administration ont été à l’origine de son départ», a indiqué à REPORTER une source proche du dossier sous couvert de l’anonymat.
Contacté par REPORTER, Serge de Cillia se refuse à tout commentaire: «Je ne veux pas me prononcer sur l’information», explique-t-il.
Guy Hoffmann, président de l’ABBL et CEO de la Banque Raiffeisen, est resté injoignable pour commenter cette suspension et les raisons qui ont poussé à cette décision. Yves Maas, son vice-président, n’a pas répondu à nos sollicitations. Le service presse et communication de l’ABBL ne souhaite faire aucun commentaire.
Un homme de dossier
Serge de Cillia est entré dans l’univers de la banque en 1986. Il passe 14 ans dans différents services de la Banque générale de Luxembourg (BGL) avant d’intégrer l’ABBL en 2000. Dirigeant discret, il est connu pour être le technicien de l’ABBL, celui qui connaît bien ses dossiers et sait bien les expliquer aux journalistes.
Le CEO aurait pu être professeur après ses études en économie à Nancy. Il choisit la BGL dont il dirigera entre 1990 et 1996 le département de formation. A l’ABBL, c’est lui qui s’attèle à la transformation de l’Institut de formation bancaire (IFBL) qui sentait la poussière. «J’ai dû licencier un tiers de ses effectifs pour en conserver les deux tiers», avait-il expliqué au «Land» dans un des rares portraits que la presse luxembourgeoise lui a consacrés.
De Cillia avait été recruté à l’ABBL quelques jours après l’accord européen de Feira en 2000 sur la fiscalité de l’épargne, accord qui signera le début de la fin du secret bancaire. Longtemps numéro deux de l’association, il a pris le relais du numéro un Jean-Jacques Rommes, en 2014, lorsque ce dernier a été nommé à la tête de l’UEL.
Serge de Cillia est arrivé à la tête de l’ABBL l’année même où le Luxembourg est sorti de la liste grise des juridictions non conformes établie par le Gafi, le groupe d’action financière contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Il quitte l’association quelques jours après la mission exploratoire que le secrétariat du Gafi a effectuée au Grand-Duché en vue du 4e round d’évaluation de son dispositif de lutte anti-blanchiment.
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