L’Alia a levé ses objections à l’implantation au Luxembourg du groupe audiovisuel hongrois Network4 qui demande 5 concessions de télévision. Les dirigeants hongrois ont donné des garanties pour que leur présence ne se limite pas à une boite-aux-lettres.
Politiquement, le dossier embarrassait le Service des Médias et des Communications et du Numérique (SMC). La levée par l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’Audiovisuel (Alia) de ses objections à l’arrivée du groupe audiovisuel privé aux capitaux hongrois Network4 Media Group va permettre à Xavier Bettel de donner son feu vert de principe à l’octroi de cinq concessions de télévision par satellite sans prendre trop de risques.
Le 16 juillet dernier, le SMC avait renvoyé au conseil d’administration de l’Alia pour «avis complémentaire» la demande de concession pour les chaînes TV4, Story4, Galaxy4, Film4 et Arena4. Quatre jours plus tard, les gardiens de l’audiovisuel rendaient leur verdict: «Après analyse du dossier dans son état actuel, l’Alia n’a plus d’objections à formuler», signale son avis.
Manque de substance
Trois mois plus tôt, l’Alia avait fait une analyse négative de la demande des concessions des Hongrois en raison du manque de substance luxembourgeoise de leurs projets et l’absence de valeur ajoutée pour l’écosystème audiovisuel.
Dans un entretien à REPORTER, son président Thierry Hoscheit s’interrogeait sur les intentions des dirigeants de Network4 à mettre en place une plateforme opérationnelle à partir du siège luxembourgeois, conformément à ce que la loi du 27 juillet 1991 sur les médias électroniques prévoit. Cette loi impose aux sociétés concessionnaires de services de TV au Luxembourg d’y prendre les décisions éditoriales ainsi que la présence «d’une partie significative» de leurs effectifs.
Seule une administratrice et en même temps gérante de la société exploitante était domiciliée au Grand-Duché, le reste du conseil résidant à Budapest. Le plan d’affaires était questionnable tout comme le nombre d’employés que le groupe entendait employer à son siège. L’Alia s’inquiétait également de l’absence d’un délégué à la gestion journalière. Subodorant une société boite aux lettres, l’Alia avait renvoyé le 20 avril un avis négatif au SMC.
Deux administrateurs résidents
Les services de Xavier Bettel ont donc demandé aux dirigeants de Network4 de revoir leurs plans à la hausse afin de rentrer dans les clous de la législation sur les médias audiovisuels. Le groupe se serait engagé à revoir la gouvernance de son entité luxembourgeoise. Deux gérants seront domiciliés au Luxembourg et deux autres en Hongrie.
Toutefois, les changements n’apparaissent pas encore au Luxembourg Business Register.
Le groupe hongrois a pris d’autres engagements, comme celui de réunir tous les deux mois son conseil d’administration pour y prendre les décisions sur les grilles de programmation des cinq chaînes sous licence luxembourgeoise.
Network4 va se contenter du minimum syndical en matière de personnel sur place. «Il est prévu de sous-traiter les activités opérationnelles à une entreprise établie au Luxembourg», précise l’avis de l’Alia.
Le gendarme de l’audiovisuel se montre toutefois circonspect sur le contenu des chaînes, signalant l’absence de grille de programme exhaustive et de détail sur les émissions à diffuser.
Les dirigeants hongrois avaient dû revoir leur plan d’affaires à la demande de l’Alia, notamment au sujet des recettes publicitaires attendues et sur le choix de la régie. « Le fournisseur a établi des prévisions pluriannuelles (sur quatre ans) ainsi qu’une analyse détaillée des revenus estimés et des coûts prévus», note l’avis de l’autorité de l’audiovisuel qui donne son feu vert, mais sans un enthousiasme débordant.