Pour la troisième fois, Pierre Peters s’est vu refuser sa demande d’inscription comme avocat au Barreau de Luxembourg. Le Conseil disciplinaire et administratif des avocats a considéré que le passé pénal du cofondateur du parti d’extrême-droite n’est pas compatible avec la profession.
«Meng Condamnatioun war also ganz kloer eng politesch Condamnatioun… Ech sinn a bleiwe ganz kloer opposéiert zu deene villen Awanderer déi mir am Land hunn déi eist Land ekologesch an sozio-kulturell ruinéieren»: Pierre Peters a cherché, lors de son audition du 13 novembre devant le Conseil disciplinaire et administratif des avocats, à minimiser la portée de son passé de délinquant qui l’empêche depuis près de 5 ans d’être admis comme avocat au Barreau de Luxembourg.
Sa «condamnation politique» en décembre 2016 à 7.000 euros d’amende pour incitation à la haine serait insuffisante, à ses yeux, pour lui valoir un refus d’inscription de sa personne sur le tableau de l’Ordre des avocats. D’ailleurs, il n’a exprimé aucun regret pour avoir diffusé en 2015 des écrits aux relents racistes et islamophobes dans trois communes luxembourgeoises. Peters considère que ses idées anti-étrangers relèvent de la liberté d’expression. Il se décrit lui-même comme un dissident politique, mis au ban de la société.
Le personnage et la personnalité de Monsieur Peters n’ont pas changé.»François Prum, bâtonnier sortant
Le cofondateur du parti d’extrême-droite «National-Bewegong» demandait de bénéficier du «droit à l’oubli», parce que le temps avait joué pour lui depuis sa première demande d’inscription comme avocat en 2015.
Aucun repentir
Retraité de la sidérurgie, Pierre Peters, 66 ans, s’est remis aux études sur le tard et a obtenu un diplôme du cours complémentaire de droit luxembourgeois qui lui ouvre théoriquement la porte au Barreau. A trois reprises, il a introduit une demande d’inscription, mais il a échoué à chaque fois en raison de son lourd casier judiciaire. Le Barreau estime qu’il n’a pas l’honorabilité suffisante pour faire partie de la profession.
La condamnation de 2016 n’est pas l’unique affaire l’ayant conduit devant les juges. En 2012, ses publications lui ont valu 30 mois de prison avec sursis pour incitation à la haine et outrage à magistrat. Il récidive en juin 2013 toujours pour incitation à la haine, ce qui lui vaut 160 heures de travaux d’intérêt général. En mars 2014, il écope de six mois de prison avec sursis et une amende de 1.800 euros pour calomnie.
Nos juridictions ne sont plus composées de juristes indépendants et objectifs, mais d’une clique familiale politisée.»Pierre Peters
Le Conseil disciplinaire et administratif des avocats lui a une nouvelle fois signifié un refus, mercredi 11 décembre, suivant ainsi l’avis du bâtonnier sortant, Me François Prum, pour lequel aucun texte de loi n’octroie un quelconque droit à l’oubli pour le passé pénal d’un candidat. «Le personnage et la personnalité de Monsieur Peters n’ont pas changé. Il ne veut pas comprendre le sens et la portée de ses condamnations et ne fait preuve d’aucun repentir», avait indiqué l’avocat lors de ses plaidoiries publiques en novembre.
Contacté par REPORTER, Peters ne se dit pas surpris par cette décision: «Nos juridictions ne sont plus composées de juristes indépendants et objectifs, mais d’une clique familiale politisée», souligne-t-il, ajoutant que «les magistrats ne prennent plus des décisions qui reposent sur des lois, mais uniquement par nécessité politique et économique».
Pierre Peters entend faire appel de la décision du Conseil disciplinaire et administratif des avocats.
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