Flavio Becca a été condamné en première instance à deux ans de prison pour abus de biens sociaux et blanchiment pour avoir fait financer une collection de montres par ses sociétés immobilières. Une grande partie des montres a été confisquée. Le promoteur immobilier a 40 jours pour faire appel.
Le jugement dans l’affaire des montres de Flavio Becca est tombé jeudi matin en l’absence du prévenu et de son avocat star parisien Hervé Temime. Le président de la 12e chambre correctionnelle a lu le dispositif sans laisser entrevoir la moindre émotion. Flavio Becca est condamné à deux ans de prison et une amende correctionnelle de 250.000 euros.
En janvier, le Parquet avait réclamé 42 mois de prison et 250.000 euros d’amende pour abus de biens sociaux et blanchiment. Ces infractions ont été retenues dans le verdict du 4 mars. Les juges ont accordé un sursis intégral à la peine d’emprisonnement, sauf en cas de récidive de Becca au cours des cinq prochaines années.
Restitution des montres à Promobe
La plus grande partie de la collection de montres luxueuses a été confisquée, sauf les objets qui appartiennent à la société Promobe Finance. Il s’agit des montres ayant le plus de valeur.
L’enquête avait fait apparaitre des achats via virements bancaires portant sur plus de 850 montres pour un montant de 18 millions d’euros. L’essentiel des achats avait été fait sur les comptes courants associés de T-Comalux (2,48 millions d’euros), Promobe Finance (6,97 millions) et Promobe (2,88 millions).
Lors de la perquisition au domicile du promoteur le 20 septembre 2011, les policiers avaient saisi dans la chambre forte 643 montres. Trente autres avaient été retrouvées le même jour chez Aldo Becca, père de Flavio et Paul Cottam, son beau-frère, soit en tout 673 montres. 187 pièces manquaient donc dans le stock du collectionneur par rapport aux virements renseignés par les perquisitions dans les banques et l’épluchage de la comptabilité (859).
Becca avait expliqué bien après la perquisition avoir fait des cadeaux aux membres de sa famille élargie. Il a faullu attendre avril 2015 pour qu’il en dresse un inventaire à peu près complet, soit 43 mois après la perquisition domiciliaire.
Le prévenu avait seulement livré en mai 2018, soit des mois après la clôture du dossier d’instruction, l’inventaire des montres appartenant à Promobe Finance. Cet inventaire avait été établi dans le cadre d’une demande en restitution devant la justice: il portait sur 319 montres, quelques bijoux et une sculpture d’une valeur totale de 6,559 millions d’euros toutes taxes comprises.
Le tribunal correctionnel a ordonné jeudi leur restitution, alors que le parquet en avait demandé la confiscation. C’est à peu près le seul point sur lequel Flavio Becca a obtenu gain de cause.
En revanche, les juges ont ordonné implicitement la restitution des quelque 200 montres que le promoteur avait offert à ses proches et qui avaient échappé à la saisie de l’automne 2011. En cas de non restitution, il devra s’acquitter d’une «amende subsidiaire» par montre confisquée de 20.000 euros, soit au total trois millions sept cent quarante mille (3.740.000) euros.
Partie civile irrecevable
Flavio Becca a 40 jours pour relever appel du jugement, ce qu’il va faire selon le site Paperjam.lu. Ses deux avocats luxembourgeois présents au verdict se sont refusés de le commenter à la sortie de l’audience.
Le Parquet n’a pas encore pris de décision sur un éventuel appel.
L’intégralité du jugement n’a pas encore été mis à la disposition de la presse.
Le tribunal a par ailleurs jugé irrecevable la constitution de partie civile de la société Ikodomos, appartenant au promoteur Eric Lux, en conflit avec Flavio Becca pour le partage des actifs du fonds immobilier Olos, actuellement sous administration judiciaire. Ikodomos réclamait symboliquement 1.000 euros de dommages et intérêts pour atteinte à sa réputation en raison de son association dans le fonds avec un partenaire prévenu d’abus de biens sociaux et de blanchiment.
En décembre dernier, Becca avait fait plaider un recours devant le tribunal de commerce de Luxembourg en faisant valoir des revendications sur la plus grande partie du patrimoine d’Olos. Le promoteur de la Cloche d’Or réclamait 1 milliard d’euros de dédommagements financiers à Eric Lux, qui est devenu une de ses bêtes noires. Le tribunal de commerce a rejeté vendredi 26 février ce recours, les juges estimant que ce serait faire un deuxième procès pour des mêmes faits déjà coulés en force de chose jugée.
En effet, en novembre dernier la Cour de Cassation avait définitivement débouté Promobe, une des sociétés de Becca, de sa demande de réallocation des actifs du fonds à son avantage. Becca avait échoué à convaincre la justice que ses projets immobiliers et ses apports avaient plus de valeur que ceux d’Ikodomos.