La société énergétique norvégienne EAM Solar, acheteuse en 2014 d’installations photovoltaïques d’Aveleos, a saisi la justice à Oslo pour qu’elle enquête à son tour sur cette vente controversée. La procédure fait suite à la relaxe en Italie des dirigeants d’Aveleos, filiale d’Enovos.
Viktor Jakobsen, le patron d’EAM persiste et signe. Sa société énergétique norvégienne tire ses dernières cartouches en utilisant tous les moyens procéduraux possibles pour que des poursuites soient engagées contre Enovos Luxembourg et ses employés après la vente d’installations photovolaïques frauduleuses en Italie par sa filiale Aveleos.
Une procédure pénale «privée» (qui équivaut au Luxembourg à une citation directe) a ainsi été initiée le 28 mai dernier devant une juridiction d’Oslo pour fraude aggravée, selon un communiqué de presse d’EAM. «À la connaissance de la société, ni Enovos Luxembourg SA, ni aucun de ses employés n’ont fait l’objet d’une enquête ou d’une inculpation par un quelconque organe de poursuite pour la fraude contre EAM Solar», souligne le texte.
EAM avait acheté pour 30 millions d’euros en 2014 une partie des installations d’Aveleos, dont Enovos détient 59,02% du capital, le solde étant aux mains d’une société suisse, elle-même filiale du conglomérat russe Renova. Cette dernière est la propriété de l’oligarque Viktor Vekselberg.
Pourvoi en cassation du parquet italien
Or, au moment de la reprise, la société norvégienne n’avait pas une connaissance complète des poursuites pénales contre Aveleos et ses deux dirigeants, Igor Akhmerov et Marco Giorgi.
L’enquête du parquet de Milan avait mis à jour un vaste système de fraude aux subventions publiques à l’énergie. Aveleos fut ainsi accusée d’avoir fait passer ses panneaux solaires pour des installations européennes, alors qu’ils avaient été fabriqués en Chine puis réétiquetés illégalement «made in EU».
A l’issue d’un procès retentissant à Milan en 2019, les deux dirigeants d’Aveleos furent condamnés à respectivement 4,5 et 3,5 années de prison pour fraude aux subventions de l’Etat italien. Le même jugement enjoignait Aveleos d’indemniser provisoirement EAM, pour lui avoir vendu des actifs sans l’avoir informé de leur toxicité. La responsabilité de la maison-maison mère luxembourgeoise Enovos n’avait pas été retenue.
Toutefois, aux termes de la procédure devant la Cour d’appel, les juges avaient relaxé en janvier dernier Akherov et Giorgi. Ils avaient également révoqué l’injonction de paiement d’Aveleos.
EAM et le Parquet de Milan ont fait appel de cette décision de relaxe devant la Cour de cassation italienne.
Viktor Jakobsen a estimé son préjudice financier total du fait de ses investissements italiens entre 100 et 200 millions d’euros.
A lire aussi


