La justice donne un coup d’accélérateur à la fermeture de la Fortuna Banque. L’établissement a été placé en liquidation judiciaire en raison de son incapacité à faire face aux retraits de ses clients. Le fonds de garantie des dépôts prend la relève. Récit d’un sauvetage impossible.
La «Fortuna Banque», banque coopérative spécialisée dans les crédits immobiliers, était en sursis depuis 2016 et en difficulté depuis la crise financière de 2008. Les notables qui se partageaient le capital n’ont pas voulu, ni pu renflouer les fonds propres. Ils se sont par ailleurs montrés incapables de développer son activité principale, les prêts immobiliers, et lui donner les moyens de générer assez de revenus pour couvrir des dépenses opérationnelles en hausse constante du fait de la complexité de la règlementation financière.
Entre le printemps 2016 et l’été 2021, deux tentatives de rachat ont échoué. Les acquéreurs potentiels ont jeté l’éponge après des mois de négociations. En juin 2021, le gestionnaire d’actifs britannique «Chenavari Investment Managers» interrompt les discussions de reprise, engagées un an plus tôt, de 100% des parts de la Fortuna qui vient tout juste de célébrer son centenaire. La rupture douche les espoirs de la banque aux 400 coopérateurs de se développer dans le financement immobilier – alors en plein essor – et la gestion d’actifs.
En décembre 2019, l’établissement avait connu un revers semblable avec la «Bank of Beirut», candidat improbable au rachat de ses parts. La crise économique et financière du Liban aurait justifié le retrait de l’offre, là aussi après des mois de discussions.
Pour survivre à ses déboires successifs et se donner un peu d’oxygène, Fortuna a vendu son siège social boulevard de la Pétrusse pour 15 millions d’euros. Ses bureaux migrent rue Goethe.
Les dirigeants quittent le navire
Un nouveau coup dur se produit en mai 2022, peu après que ses deux dirigeants agréés, Jerry Grbic et Mike Felten, eurent quitté le navire pour diriger l’ABBL pour le premier et être recruté par le gérant de fortune «Mirabaud & Cie» pour le second. L’Administration des contributions directes enjoint Fortuna de livrer des informations sur un de ses clients, poursuivi par le fisc français. La banque coopérative refuse de s’exécuter dans les délais requis, moins pour une question de principe qu’en raison de sa désorganisation, de procédures informatiques obsolètes et d’une pénurie de personnel …
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