La Banque Fortuna, spécialisée dans les crédits hypothécaires, ne sera pas reprise par le gestionnaire d’actifs britannique Chenavari. Des discussions sont en cours avec plusieurs banques pour une reprise du fonds de commerce et du personnel. Le sort de la banque coopérative sera scellé fin 2021.

Les discussions ont été interrompues en juin dernier. La société britannique de gestion d’actifs Chenavari ne va pas reprendre 100% des parts de la banque coopérative Fortuna, qui avait célébré ses 100 ans en 2020. «D’un commun accord, les associés de Fortuna Banque s.c. et Chenavari Investment Managers ont décidé de résilier le contrat qu’ils avaient conclu pour la reprise de la banque luxembourgeoise», indique un communiqué uniquement publié sur le site Internet de Fortuna.

L’information n’a pas été diffusée aux médias. Elle remonte au 7 juillet 2021. «Les deux parties regrettent que la transaction n’ait pas abouti mais n’excluent pas la réalisation prochaine d’autres opérations de rapprochement pour assurer leur développement respectif», poursuit le texte.

André Poorters, président du conseil d’administration de Fortuna, confirme dans un entretien à Reporter.lu que «le dossier avec Chenavari n’avançait pas pour des questions réglementaires». Il ne veut pas davantage commenter cette rupture avec le gestionnaire britannique qui avait fait une offre de reprise en juin 2020.

Deuxième échec en deux ans

La transaction était soumise à l’approbation de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et de la Banque centrale européenne. La banque aux plus de 400 coopérateurs espérait que ce partenariat lui permettrait de développer ses activités dans le financement immobilier et la gestion de patrimoine, tout en conservant une certaine indépendance ainsi que son ancrage luxembourgeois. La banque cherchait aussi à élargir son périmètre commercial dans la Grande Région.

Pour Fortuna, il s’agit du deuxième échec en deux ans dans la recherche d’un partenaire. En décembre 2019, la banque avait déjà rompu les négociations avec Bank of Beirut, avec laquelle elle discutait sa reprise depuis novembre 2018. La presse de l’époque expliquait la rupture en raison de la crise économique et financière libanaise.

Dans le communiqué du 5 juillet dernier, Fortuna rappelle «sa volonté de s’associer à un partenaire de taille permettant de continuer son développement» et assure le rechercher «en toute sérénité».

Résultats négatifs

Toutefois, ses résultats négatifs engrangés au cours des deux derniers exercices (-1,55 million d’euros en 2019, -700.000 euros en 2020) plaident plutôt pour un plan de sauvetage rapide d’une banque qui a dû augmenter ses fonds propres règlementaires de 2 millions d’euros l’année dernière, via un prêt subordonné que le groupe Chenavari avait souscrit.

Le réviseur PWC indiquait dans le rapport annuel 2020 que les montants des crédits à la clientèle (principalement des crédits hypothécaires) représentaient 80% du total de bilan, soit 204 millions d’euros.

Selon les informations de Reporter.lu, les discussions de reprise de Fortuna portent sur son fonds de commerce et la reprise du personnel (29 personnes). La banque n’est plus propriétaire de son siège social situé boulevard de la Pétrusse. «Plusieurs opportunités se présentent. Nous discutons avec différents acteurs, mais je veux rester discret sur leur identité», explique André Poorters.

Le président de la banque espère qu’un accord sera finalisé avant la fin de l’année 2021.