A l’heure du départ de Sam Tanson, une partie du secteur culturel redoute un «nouveau départ» qui freinerait l’élan impulsé par la ministre sortante. En même temps, c’est l’occasion de questionner les limites d’une politique qui a remisé le public au second plan.
Elle quitte le gouvernement mais aura eu la satisfaction d’être l’une des ministres de la Culture les plus populaires depuis Erna Hennicot-Schoepges (CSV). Les remerciements d’artistes ont fleuri sur les réseaux sociaux depuis le débâcle de Déi Gréng le 8 octobre, prolongeant les lauriers que Sam Tanson et son incontournable Premier conseiller Jo Kox avaient récoltés avant les élections, lors de la cérémonie des «Lëtzebuerger Danzpräis et Theaterpräisser».
Lui aussi est sur la sellette. Jo Kox a obtenu un «maintien en service» jusque l’âge de 68 ans, soit janvier 2026. Reste à savoir si le prochain responsable de ce portefeuille voudra avoir à ses côtés celui qui passait pour une sorte de «vice-ministre de la Culture».
La question de la succession ne devrait pas faire l’objet de luttes aussi intenses que celles de 2013. À l’époque, le LSAP croyait son heure venue après 24 ans de règne du CSV à l’Hôtel des Terres rouges. C’est le DP qui avait raflé la mise. Xavier Bettel avait placé Maggy Nagel avant de prendre lui-même les commandes du ministère en 2015. L’impopularité de la ministre, qui avait annulé toutes les conventions de financement des acteurs culturels pour les renégocier, menait à une impasse.
Le CSV va-t-il reprendre dans son giron un ministère qui n’est certes pas payant électoralement – comme Déi Gréng ont pu en prendre la mesure – mais néanmoins prestigieux? A l’exception de la parenthèse de 1984-1989, au cours de laquelle le Premier ministre Jacques Santer avait laissé le portefeuille de la Culture au socialiste Robert Krieps, le parti dominant a longtemps gardé la main sur ce portefeuille piloté par Jacques Santer (1989-1995), Erna Hennicot-Schoepges (1995-2004), François Biltgen (2004-2009) et Octavie Modert (2009-2013).
Une politique de l’offre
Au-delà des personnes se pose aussi la question de la direction que prendra la politique culturelle au cours des prochaines années. La nouvelle coalition CSV-DP ne remettra pas en cause le «Kulturentwécklungsplang 2018-2028» (KEP), dont il faut rappeler qu’il a été élaboré sous l’impulsion de Xavier Bettel, alors Premier ministre et ministre de la Culture, initiateur en 2016 des premières Assises culturelles. C’est lui qui avait chargé Jo Kox de rédiger le plan.
La plupart des lois liées à la mise en œuvre du KEP ont été votées par tous les partis, à l’exception de l’ADR. La question est plutôt de savoir si le rythme de sa mise en œuvre sera poursuivi, et quelles en seront les nouvelles priorités …
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