La radio francophone «L’Essentiel Radio», troisième en termes d’audience, s’est vu infliger une amende de 1.000 euros par l’ALIA, le régulateur du secteur des médias. La sanction est la conséquence d’une violation par son exploitant, «Radiolux», de son cahier des charges qui impose notamment que tout changement d’actionnaire soit notifié et autorisé par l’autorité de l’audiovisuel.

Une procédure que Radiolux a «skippé», selon ses propres termes, se contentant d’une notification de la cession d’actions au Service des médias, de la connectivité et de la politique numérique, qui dépend du Premier ministre Xavier Bettel (DP). En juin dernier, soit 4 mois après la transaction, l’ALIA est informée du départ de deux des trois dirigeants de «Must FM», radio régionale belge (Namur et province de Luxembourg), du capital de Radiolux. Les parts (35%) sont reprises principalement par «Edita», qui édite le quotidien gratuit «L’Essentiel». Les actionnaires d’Edita sont «Editpress» et l’éditeur suisse «TX Group».

«Must FM» a été racheté en 2021 par le groupe de médias «Rossel», éditeur entre autres du quotidien «Le Soir».

En juillet 2022, le régulateur demande des comptes au dirigeant de «L’Essentiel», Emmanuel Fleig, lequel s’excuse mais précise avoir informé au téléphone en février 2022 le directeur de l’ALIA de probables changements dans l’actionnariat de la radio. Toutefois, Fleig explique qu’il est prématuré de fournir plus de détails. Ce sera par la suite le silence radio sur le départ des Belges.

L’ALIA prend ombrage de ces cachotteries et ouvre une enquête pour avoir omis de demander préalablement l’accord formel du régulateur avant de procéder aux modifications de la répartition du capital de Radiolux. A l’issue de l’instruction, Paul Lorenz, directeur de l’ALIA, se montre accommodant et recommande un blâme, sanction la moins lourde dans l’arsenal à disposition du régulateur. Le conseil, présidé par le magistrat Thierry Hoscheit, se montre moins indulgent, jugeant que «le fournisseur a violé de manière manifeste, grave et sérieuse» des dispositions de son cahier des charges et de sa permission d’émettre. En infligeant la sanction de 1.000 euros, l’ALIA a voulu faire une démonstration de son autorité au nom de «la nécessaire sauvegarde du pluralisme et de la diversité dans les médias» dont elle est le garant.

Pour autant, et de manière rétrospective, l’ALIA ne s’est pas opposée aux changements dans l’actionnariat et dans le conseil d’administration de Radiolux. Sa décision publiée sur son site internet documente de manière approximative la nouvelle répartition du capital de «L’Essentiel Radio»: Edita (70-80%) et CLT-Ufa (20-30%). Une personne physique dispose du solde (1-10%), mais son nom n’est pas mentionné. (VP)