L’Autorité indépendante de l’audiovisuel fêtera bientôt ses dix ans. Avec ses 13 agents pour surveiller 435 services de médias, le régulateur peine à s’imposer. Ses moyens financiers limités rendent difficile l’exercice de ses missions. Pour autant, l’ALIA nourrit de grandes ambitions.

L’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (ALIA) compte parmi les établissements publics de régulation les moins bien lotis en termes de ressources humaines et financières. L’indigence du superviseur des médias électroniques tranche avec la taille de l’écosystème audiovisuel qui abrite des groupes multinationaux de télédiffusion comme «RTL», «United Media» ou «Adria News». Son impécuniosité contraste aussi avec les grandes ambitions que ses dirigeants nourrissent, pour faire de l’ALIA un super superviseur des médias, presse écrite incluse.

Dix ans après la loi du 27 août 2013 qui l’a mise en place, l’ALIA reste encore un «tigre en papier», en dépit des pouvoirs de sanction accrus qui lui ont été octroyés avec la transposition en 2021 d’une directive sur l’audiovisuel. La loi sur les médias, qui a été modifiée 13 fois depuis sa création en 1991, reste l’Arlésienne des gouvernements: tous s’accordent à dire qu’une refonte du dispositif est nécessaire, mais rien ne bouge.

La résilience à elle seule ne suffira pas aux exigences de renom de la place médiatique.“Paul Lorenz, directeur général de l’ALIA

Le Premier ministre libéral Xavier Bettel, en charge des médias et des communications, convenait lui-même lors d’un colloque en avril dernier qu’une réforme «en profondeur» s’imposait, impliquant plus d’autonomie pour le régulateur des médias. En l’état actuel de la législation, l’ALIA a dans ses attributions la surveillance des services de médias, mais n’a pas le pouvoir d’octroyer ni de retirer les concessions et permissions de diffusion qui relèvent, elles, du ministère d’Etat, donc du champ politique …