En 2012, l’Etat a demandé à Proactif asbl de rembourser 2,37 millions d’euros, correspondant à des subventions trop perçues, après des soupçons de falsification des comptes de l’initiative. Huit ans plus tard et un non-lieu, l’argent est toujours en attente sur les comptes de l’association proche du LCGB.
L’Etat luxembourgeois peut-il et veut-il récupérer les plus de 2 millions d’euros de subventions qui avaient fait scandale en 2012? Les autorités donnent l’impression de vouloir enterrer une affaire qui avait également fait trembler le monde syndical à l’époque.
Dan Kersch, ministre du Travail et vice-Premier ministre (LSAP), ne souhaite pas, pour sa part, réveiller les démons du passé, ceux que son prédécesseur socialiste Nicolas Schmit lui a pourtant laissés dans l’inventaire, lors du passage de relais.
En 2012, Nicolas Schmit, alors ministre du Travail, avait réclamé 2,37 millions d’euros à l’initiative de réinsertion sociale Proactif asbl à la suite d’une série d’audits accablants ayant décelé des comptes présumés falsifiés de l’asbl. Or, la somme n’a toujours pas été versée à l’État et le sort que les services de Dan Kersch réservent à la créance de la somme due démeure aujourd’hui incertain.
Le rapport annuel 2018 de l’initiative de réinsertion sociale liée au syndicat chrétien LCGB fait état du sort incertain de cette dette de l’association. «L’association n’a reçu aucune instruction du Ministère du Travail et de l’Emploi quant aux modalités et conditions de remboursement de cette dette au cours de l’exercice 2018 », y lit-on.
Contacté par REPORTER, l’actuel ministre de tutelle, Dan Kersch, fait répondre par son communiquant qu’il «ne veut pas se prononcer publiquement sur les relations du ministère avec une initiative sociale».
Absence d’instruction
Selon la presse de l’époque, Nicolas Schmit avait mandaté le bureau BST de Bruxelles pour éplucher la comptabilité de Proactif. Il fut reproché à l’asbl d’avoir artificiellement gonflé ses frais de fonctionnement pour toucher plus de subventions de la part de l’Etat luxembourgeois entre 2005 et 2010.
L’affaire avait pris la dimension d’un scandale. Nicolas Schmit avait demandé sa tête à Robert Weber, alors président de Proactif asbl. Ce dernier était à l’époque aussi à la tête du LCGB.
En parallèle, le ministre avait dénoncé les faits au Parquet, lequel initia une enquête pour escroquerie à subvention. Toutefois l’affaire s’est dégonflée et s’est terminée en 2016 par un non-lieu, sans procès, sans renvoi devant un tribunal correctionnel.
En mars 2016, interviewé par RTL, Robert Weber ne se fit pas prier pour annoncer qu’il avait été blanchi et qu’il se réservait le droit de poursuivre Nicolas Schmit en justice pour diffamation.
Grâce au soutien constant de l’ancien ministre du Travail Nicolas Schmit (…), Proactif a pu atteindre ses objectifs de restructuration et de diversification.“Norbert Conter, président de Proactif
Les relations avec les autorités se sont désormais apaisées. Dans la préface du rapport d’activité 2018, Norbert Conter ne tarit pas d’éloge pour l’action de Nicolas Schmit au ministère du Travail: «Grâce au soutien constant de l’ancien ministre du Travail Nicolas Schmit (…), Proactif a pu atteindre ses objectifs de restructuration et de diversification», écrit le président de l’association. Et de remercier opportunément celui qui est devenu désormais commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux de «sa confiance et de son support au cours des années difficiles».
Proactif a en effet restructuré ses activités, maîtrisé ses frais de fonctionnement et vient de recruter un nouveau directeur en la personne de François Georges. Le ministère du Travail, de l’emploi et de l’Economie sociale et solidaire lui a versé 16,8 millions de subventions en 2018. Sollicitée par REPORTER, l’asbl s’est refusée à tout commentaire au sujet de cette dette qu’elle traîne depuis huit ans dans ses comptes et que son créancier ne semble pas pressé de lui réclamer. L’asbl avait provisionné la dette de 2,37 millions dès 2012.