Les services du SAMU et de Luxembourg Air Rescue pourraient bientôt coûter plus cher à l’Etat. Les responsables de ces services font valoir des revendications tarifaires à la hausse. La partie n’est pas gagnée, particulièrement pour le SAMU.

Les services des urgences médicales sont sous tension. Les médecins qui interviennent à bord d’un des quatre véhicules du SAMU ou par hélicoptère sont des anesthésistes-réanimateurs exerçant leur profession en libéral. Ils sont astreints à faire des gardes, sous peine de sanctions pénales, mais ils ne veulent pas travailler pour rien.

Comme pour les gynécologues et les pédiatres qui se relaient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour effectuer des gardes sur place ou des permanences dans les maternités, les anesthésistes de service sont rémunérés à l’acte, selon la nomenclature médicale. Ils touchent en sus des forfaits d’indemnisation pour les gardes, car ils sont confrontés pendant leurs gardes à des périodes creuses, sans patients. Les indemnités forfaitaires compensent ces temps morts.

86 euros de l’heure

Les médecins anesthésistes participant aux services d’urgences ont un contrat individuel avec le Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS), qui est placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Leur indemnité horaire est actuellement fixée à 86 euros. En cas de garde, l’indemnité couvre leur disponibilité immédiate requise pour les interventions du SAMU, jour et nuit, sachant que le CGDIS a comptabilisé 6.988 sorties en 2018 dans l’ensemble du pays.

Les négociations vont probablement échouer»Philippe Welter, médecin SAMU

Ces indemnités sont jugées insuffisantes. «Certains médecins SAMU revendiquent une hausse significative de leur indemnité horaire», affirme pour sa part Alain Becker, Premier conseiller de gouvernement au ministère de l’Intérieur et président du conseil d’administration de CGDIS.

Contacté par REPORTER, le Dr Philippe Welter, chef des urgences au CHL et représentant des médecins anesthésistes du SAMU, reconnaît que des négociations «crispées» ont lieu actuellement avec la direction du CGDIS autour de la revalorisation du taux horaire. «Le ministère de l’Intérieur tarde à revaloriser nos rémunérations», explique-t-il.

Sans vouloir rentrer dans les détails, Philippe Welter ne cache pas un certain désarroi au sujet de l’organisation des services d’urgences: «C’est une vraie catastrophe au niveau organisationnel», dit-il.

Il refuse toutefois de s’exprimer sur le contenu des revendications financières des médecins libéraux participant au SAMU, jugeant toute communication prématurée à ce stade des négociations. Il a cependant peu d’espoir d’une issue positive des discussions avec le ministère de l’Intérieur: «Les négociations vont probablement échouer», pronostique-t-il.

LAR dénonce sa convention

Si les discussions achoppent avec les médecins du SAMU, en revanche, les négocations ouvertes avec l’asbl Luxembourg Air Rescue (LAR) avec le ministère de l’Intérieur au sujet d’une revalorisation de la tarification pour le sauvetage par les airs ont toutes les chances d’aboutir au cours des prochains jours. Alain Becker confirme que les «discussions sont en voie de finalisation».

LAR a rompu unilatéralement la convention qui le lie avec l’Etat luxembourgeois depuis une quinzaine d’années. «Nos frais n’ont pas cessé d’augmenter», a déclaré à REPORTER René Closter, président fondateur de l’association.

L’Etat préconise toujours de trouver une solution à l’amiable au lieu de rompre des relations de longue date et bénéfiques à l’Etat luxembourgeois».».Alain Becker, président de CGDIS

Alain Becker ne cache pas son irritation: «Une dénonciation, souligne-t-il, n’était pas nécessaire pour que les doléances de LAR soient entendues. L’Etat préconise toujours de trouver une solution à l’amiable dans un cas comme celui-ci, au lieu de rompre des relations de longue date et bénéfiques à l’Etat luxembourgeois».

Il précise néanmoins qu’en attendant la nouvelle convention, LAR est tenue de prester ses services jusqu’au 31 décembre 2019.

Selon une convention de septembre 2017 entre LAR et la Caisse nationale de Santé, la prise en charge publique s’élève à 53,22 euros par minute de vol.