Le gouvernement cherche des solutions pour aider les entreprises à faire face à la flambée des prix des matériaux de construction et aux difficultés d’approvisionnement. Le ministère des Travaux publics lancera une procédure accélérée de paiement d’avances de liquidités.
L’Etat complète ses dispositifs pour permettre aux entreprises du bâtiment et des travaux publics (BTP) de survivre à la hausse importante des prix des matières premières, conséquence de la reprise rapide de l’activité économique au niveau mondial. Le 9 juillet dernier, le ministère de la Mobilité et des Travaux publics avait «invité» les pouvoirs adjudicateurs – donc les administrations publiques – à ne pas appliquer de pénalités de retard et à ne pas sanctionner les entreprises de bonne foi pour des retards de livraison ou d’exécution de chantier en raison de difficultés d’approvisionnement, liées ou non à la crise sanitaire.
Valable initialement jusqu’à la fin des congés collectifs du BTP, la mesure a été reconduite jusqu’au 1er octobre. «Il y va de la volonté de maintenir élevé le niveau de la commande publique, essentielle à assurer la continuité des services publics et susceptible d’aider l’économie dans la reprise», indique le ministère dans une communication du 27 août.
Solution pratique à court terme
Le département des Travaux publics a annoncé le même jour une seconde mesure de soutien permettant le paiement anticipé d’avances aux entreprises pour acheter des matériaux nécessaires à la réalisation des marchés publics. Le dispositif est encore à l’état de projet, mais devrait se concrétiser d’ici deux à trois semaines, selon les informations de Reporter. Il tiendra compte de l’augmentation des prix des matériaux entre le moment de l’adjudication des travaux et celui où la commande est passée.
Cette mesure est le résultat de discussions entre le ministère, l’Administration des Bâtiments publics et les représentants des différents acteurs de la construction: Ordre des architectes et des ingénieurs conseil, Chambre des métiers, Fédération des artisans et groupement des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics. Le Centre de ressources des technologies et de l’innovation pour le bâtiment (CRTI-B), qui regroupe ces opérateurs, a été mandaté pour développer «une solution pratique pour éviter, dans les hypothèses justifiées, des problèmes de liquidités aux opérateurs économiques impliqués lors de l’exécution des marchés publics».
Le CRTI-B a rendu public le 31 août une note détaillant la procédure des avances de liquidités, fruit d’un consensus «pour répondre aux besoins urgents du secteur de la construction de trouver une solution pratique à court terme quant à la hausse exceptionnelle et imprévisible des prix des matériaux de construction». Les hausses d’au moins 10% sur une période de 12 mois seront prises en compte.
Ces mesures de soutien s’appliquent aux chantiers publics. Or, les difficultés d’approvisionnement et les hausses des prix concernent aussi le marché privé. «Il est difficile de trouver une solution durable et fixe pour les contrats existants si les clients ont signé un devis. Les entrepreneurs ont du mal à tenir les devis», explique Max Urbany, conseiller à la Chambre des métiers. «L’enquête de conjoncture publiée en juillet par la Chambre des métiers renseignait de la volonté des opérateurs du BTP de répercuter à leurs clients une partie de l’augmentation des prix», précise-t-il à Reporter.lu.
Luxinnovation veut encore comprendre
Le ministère de l’Economie réfléchit de son côté à des solutions, alors que les mesures de chômage partiel mises en place au début de la crise sanitaire ont pris fin. A ce stade, le ministère n’a pas de plan d’action précis et teste d’ailleurs l’opportunité d’intervenir ou non. Il a appelé à la rescousse son agence Luxinnovation pour dresser un état des lieux et comprendre l’origine des pénuries dans la chaîne d’approvisionnement du BTP.
Une enquête a été lancée le 30 août avec le concours de l’Institut luxembourgeois des sciences et technologies (LIST) et de l’Université de Luxembourg sur «les pénuries d’approvisionnement dans le secteur de la construction». Ses objectifs, selon le communiqué de Luxinnovation, «visent à identifier et à évaluer les principaux défis auxquels sont confrontés les acteurs de ce secteur, les impacts qui en découlent, et à explorer des pistes d’amélioration pour pouvoir guider la prise de décision et un plan d’action correctif éventuels».
«Nous voulons comprendre si la situation de pénurie est un phénomène ponctuel ou pérenne et réfléchir à des solutions pour protéger nos industries», explique Caroline Muller, responsable du Cluster Materials & Manufacturing chez Luxinnovation. L’enquête devrait être finalisée d’ici la fin 2021.
La Chambre des métiers indique ne pas disposer de chiffres précis sur le nombre de chantiers à l’arrêt du fait de la rupture de la chaîne d’approvisionnement des produits et matériaux.