Une lettre anonyme adressée à Guy Arendt, associé de Bonn&Schmitt, a mis la firme d’avocats en ébullition. L’entente entre les «partners» d’un des cabinets d’affaires les plus iconiques du Barreau est fragilisée par la gouvernance controversée du fondateur Alex Schmitt.

L’étude «Bonn&Schmitt» vient de s’adosser au réseau international d’avocats «The Lawyers Associated Worldwide» dans l’espoir de donner un coup d’accélérateur à des affaires au ralenti. Le chiffre d’affaires de la firme, autrefois florissante, a calé au cours des dernières années après les défections de nombreuses pointures du Barreau avec leurs équipes.

Le claquage de porte le plus spectaculaire a été celui d’Alain Steichen. La séparation en 2011 a pratiquement anéanti le département fiscal de la firme. L’appellation «Bonn», du nom d’Alex Bonn, fondateur du cabinet «Bonn, Schmitt et Steichen», fut au cœur d’une procédure juridique épique pour savoir qui d’Alex Schmitt ou d’Alain Steichen serait l’héritier légitime de ce célèbre patronyme.

L’actuel formateur du gouvernement Luc Frieden (CSV), qui fit ses premières classes d’avocat chez Bonn, Schmitt et Steichen, est intervenu dans le litige entre les deux associés devant le conseil disciplinaire et administratif du conseil de l’ordre. Celui qui est alors ministre des Finances témoigne en faveur d’Alex Schmitt qui le sollicite dans la procédure. Luc Frieden assure qu’Alex Schmitt était plus proche d’Alex Bonn, grande figure du barreau décédé en 2008, que ne le fut Alain Steichen.

Aux termes d’un arbitrage du bâtonnier, les deux ex-associés s’approprient chacun ce nom à la valeur commerciale incontestable: «Bonn&Schmitt» pour le premier, «Bonn, Steichen&Partners» pour le second qui opère désormais sous le nom de «BSP».

Les suites d’une «révolution arabe»

Dans le petit monde du Barreau, la séparation de ce qui était encore un des grands cabinets d’affaires du Luxembourg, fut décrite comme «une révolution arabe», en référence à la chute du dictateur tunisien Ben Ali. Sept des dix avocats associés de Bonn, Schmitt et Steichen quittent la firme avec fracas, non sans dénoncer au passage les méthodes de gouvernance d’un autre âge des deux associés historiques, Alex Schmitt et Guy Arendt. «L’implosion du cabinet est assimilée à une ‘révolution arabe’; les avocats de la nouvelle génération balayant la vieille garde et l’autocratie», note le «Lëtzebuerger Land» en juillet 2011.

Après une cohabitation de quelques mois plutôt houleuse dans les mêmes bâtiments, le clan Bonn&Schmitt conserve un temps le site à Clausen. Devenu trop grand et trop coûteux, l’équipe déménage au Limpersberg dans un immeuble appartenant à une société («Lacroix») de la famille Becca. Bonn, Steichen&Partners migre pour sa part dans des locaux à Howald avant d’élire résidence à Leudelange.

Je ne traite aucun dossier et je n’exerce aucune fonction dirigeante. Rien que pour cette dernière raison, je suis dans l’impossibilité de fournir d’autres renseignements.“Guy Arendt, associé et député sortant

Le «divorce à la Tunisienne» laisse des traces. Alex Schmitt, qui vise en 2011 le poste de vice-bâtonnier, tremplin pour se hisser à la tête du Barreau deux ans plus tard, essuie un revers cinglant lors de l’assemblée générale annuelle du Barreau. Il est le seul candidat, mais n’obtient pas de majorité, du jamais vu dans les annales du conseil de l’ordre …