Le syndicat de gauche a réalisé une bonne pêche en prenant sous son aile protectrice les centaines de policiers laissés pour compte de la réforme de 2018 regroupés au sein de l’Adesp.

Tout le monde est content de l’accord de coopération rendu public lundi 17 février entre l’OGBL et l’Association du personnel policier détenteur d’un diplôme de fin d’études secondaires de la police grand-ducale (Adesp).

Cette jeune association se bat depuis près d’un an pour que les policiers détenteurs du baccalauréat, coincés dans la carrière inférieure de la fonction publique (C1), accèdent de façon automatique à la carrière moyenne (B1) comme la réforme de 2018 de la police le laissait présumer. Or, la réforme a privilégié l’ancienneté sur les diplômes, privant toute une génération de policiers de la promotion qu’ils espéraient.

L’OGBL est le premier gagnant de cet accord. En perte de vitesse dans le secteur privé, le syndicat de gauche gagne potentiellement 500 membres, ce qui correspond au nombre de policiers titulaires du bac et candidats potentiels au grade B1.

L’Adesp, pour sa part, a eu droit à un «package complet», le soutien de l’OGBL prévoyant un accompagnement financier des policiers dans le cadre des procédures qu’ils ont entamées individuellement devant le Tribunal administratif pour réclamer un reclassement automatique dans la carrière moyenne. Des centaines de recours ont déjà été introduits. Les policiers qui hésitaient encore à saisir la juridiction en raison des coûts financiers d’une telle démarche vont probablement être tentés de suivre le mouvement. «Ça va attirer du monde», confirme à REPORTER un des dirigeants de l’Adesp.

L’accord de coopération avec l’OGBL devrait renforcer le mouvement de protestation des policiers titulaires du baccalauréat et muscler leur force de frappe dans les négociations à venir avec la direction de la police, mais aussi avec les ministres de la Fonction publique (Marc Hansen, DP) et de la Sécurité intérieure (François Bausch, Déi Greng) pour la reconnaissance de leurs diplômes.

Les négociations avec la direction de la Police sont sur de bons rails, font valoir les représentants d’Adesp qui ont rendez-vous le 2 mars prochain avec le directeur des ressources humaines pour lui présenter un projet d’avancement de carrière.

Sur le plan politique, les indicateurs sont également au vert. François Bausch avait reçu une délégation de l‘Adesp en janvier et a prêté une oreille attentive à ses revendications. Le ministre aurait reconnu les erreurs d’aiguillage de la réforme de 2018 réalisée par son prédécesseur Etienne Schneider, LSAP. Il aurait également fait part de sa volonté d’aligner les carrières des policiers sur celles du reste de la fonction publique, ce qui n’est pas le cas actuellement. Ce qui de facto signifierait un reclassement des policiers bacheliers dans la carrière moyenne. Les représentants de l’Association, accompagnés par des représentants de l’OGBL, devraient revoir François Bausch fin mars.

Le conflit avec les policiers bacheliers qui empoisonne le climat interne au sein des forces de l’ordre, devrait trouver une solution politique avant les grandes vacances.

L’Adesp s’est rapprochée de l’OGBL après presque un an de discussions infructueuses avec le principal syndicat de la police, le SNPGL (affilié à la CGFP, le syndicat de la fonction publique), qui n’a pas eu très envie de s’impliquer ouvertement dans ce conflit.

«Il n’y avait plus de discussions possibles ni avec la CGFP, ni avec le SNPGL, ce qui nous a amenés à aller voir ailleurs», explique une source proche de l’Adesp, ajoutant que l’OGBL avait proposé « une place parmi les autres syndicats professionnels au même niveau que tous les autres».