Pressenti pour prendre en charge l’image de marque du pays à l’étranger et la diplomatie économique, Jean-Claude Knebeler a décliné l’offre. L’ex-ambassadeur en Russie reste à Moscou pour travailler pour un think tank russe au service de la finance verte et responsable.
Jean-Claude Knebeler fait une pause professionnelle dans la carrière diplomatique et troque les habits d’ambassadeur contre ceux d’un lobbyiste au service de la finance verte et responsable. Celui qui a été pendant quatre ans ambassadeur du Luxembourg à Moscou a demandé un congé sans solde afin de pouvoir rester dans la capitale russe. «Jean-Claude Knebeler a demandé à partir du 1er septembre un congé sans traitement pendant deux ans pour des raisons professionnelles», a indiqué Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères et européennes (LSAP), confirmant ainsi une information de REPORTER.
Knebeler avait souhaité un prolongement d’une année pour des raisons familiales de son mandat diplomatique à Moscou. Il a toutefois essuyé un refus au ministère. Le prolongement aurait perturbé le ballet diplomatique de la rentrée de septembre.
Le poste d’ambassadeur du Luxembourg pour la Fédération de Russie a été attribué à Georges Faber, qui prend ses fonctions ce mardi 1er septembre. Il était auparavant en poste à Ankara.
Améliorer la gouvernance russe
Rappelé au ministère des Affaires étrangères par Jean Asselborn, Knebeler s’était vu proposer en février dernier la responsabilité du département de l’image de marque du Luxembourg (Nation branding). Il devait également être en charge de certains aspects de la diplomatie économique. Le diplomate a toutefois décliné cette offre. «Il voulait rester à Moscou», souligne Jean Asselborn.
Contacté par REPORTER, l’intéressé a confirmé sa volonté de ne pas quitter la capitale russe pour des raisons familiales.
Jean-Claude Knebeler a donc fait valoir les droits que le statut de fonctionnaire lui confère pour solliciter auprès de la fonction publique un congé sans solde pour raisons professionnelles. Sa démarche a été avisée positivement, précise le ministre. Le ministère de la Fonction publique a mis un mois avant de donner son feu vert à la reconversion de l’ex-ambassadeur, qui a signé un contrat de travail avec un think tank à Moscou.
Jean-Claude Knebeler n’a pas souhaité communiquer le nom de son futur employeur. «Il s’agit d’une ONG, un centre de recherche académique dédié à la finance verte pour aider la Russie à introduire des standards ESG», souligne-t-il dans un entretien téléphonique. «C’est du lobbying en interne pour la Russie pour l’aider à développer les critères environnementaux et sociaux et tenter d’améliorer la gouvernance», ajoute-t-il. Il espère aussi créer des passerelles entre Moscou et Luxembourg, qui occupe un rang de leader mondial dans le secteur de la finance durable.
Eviter un conflit d’intérêts
«Il n’a pas été facile de trouver un emploi par les temps qui courent», reconnaît l’ex-ambassadeur qui assure avoir «soigneusement veillé à éviter un conflit d’intérêts» avec ses fonctions passées. «Je n’ai suivi ni Jeannot Krecké, ni Etienne Schneider dans une entreprise privée», affirme Knebeler, faisant référence au pantouflage des anciens ministres socialistes de l’Economie, qu’il a servis jusqu’en 2012.
Conseiller puis directeur du commerce extérieur au ministère de l’Economie sous Jeannot Krecké, puis brièvement sous son successeur Etienne Schneider (LSAP), Jean-Claude Knebeler avait mis en place un embryon de service de renseignement économique au sein du ministère. André Kemmer, ancien policier et ex-membre du Service de renseignement avait été recruté pour prendre en charge le service, avant d’en avoir été limogé en 2013 lorsque le scandale du Srel a éclaté et que son rôle dans les écoutes illégales du Premier ministre Jean-Claude Juncker a été révélé.
La responsabilité stratégique pour le Nation branding sera confiée à Beryl Koltz, qui dirigeait depuis 2017 le département communication de l’œuvre Grande-Duchesse Charlotte. Ce poste au sein du ministère des Affaires étrangères est vacant, depuis le départ de Francine Closener (LSAP) fin 2019 à la Chambre des députés. Beryl Koltz prendra ses fonctions le 15 septembre prochain, a indiqué Jean Asselborn.