Les banques luxembourgeoises sont de moins en moins rentables et s’inquiètent de la solvabilité de leurs clients. L’organisation qui les représente se fait des soucis sur la sortie de la crise sanitaire et s’attend «à une nouvelle rationalisation du secteur».

Les dirigeants de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) ont présenté le rapport annuel 2020 de l’organisation patronale avec des trémolos dans la voix. Guy Hoffmann, son président, se dit alarmé par le résultat net des banques de la place (3,031 milliards d’euros), en baisse de 18% en 2020, selon les chiffres publiés récemment par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF).

Du jamais vu qui s’explique par la crise sanitaire et la hausse des provisions que les établissements ont dû faire, face à l’insolvabilité de certains clients, frappés par les fermetures des commerces ou le chômage partiel. Le volume des moratoires a atteint un montant record en juillet 2020 de 3,7 milliards d’euros (pour 18.000 clients), chiffre tombé à 462 millions d’euros en février 2021.

Banques universelles très impactées

Les dotations aux provisions ont augmenté de 600 millions d’euros et concernent principalement le risque de crédit et impactent d’abord les banques universelles ainsi que les établissements spécialisés dans le financement des entreprises, fait savoir un communiqué du patronat bancaire. Le ratio de solvabilité (chiffres de 2019) s’est dégradé à 22,7% contre 25,2% en 2018.

Pour autant, le volume des prêts affiche une hausse de 4,1% (692 milliards d’euros, dont 36,3 milliards de prêts hypothécaires). Les dépôts bancaires progressent de 6,4% à 700 milliards d’euros, majoritairement luxembourgeois (285,7 milliards d’euros) et européens (238,7 milliards d’euros). Le nombre d’employés dans les banques régresse de 1,3%.

«La tendance à la baisse de rentabilité est alarmante et doit être reconnue», souligne la présentation de l’ABBL qui s’attend «à une nouvelle rationalisation du secteur par le biais de fusions, de restructurations, voire de fermetures». L’organisation souligne que 20 à 25% des banques luxembourgeoises ne sont plus rentables et que le problème est devenu « systémique» depuis dix ans, notamment sous l’effet des ressources et des investissements «considérables» engloutis dans la régulation financière.

Selon une étude réalisée en 2020 conjointement par l’ABBL et la CSSF, la banque privée gérait fin 2019 466 milliards d’euros, soit un doublement depuis 2008. La clientèle privée des banques luxembourgeoises est à 85% européenne. 17% des actifs proviennent des Français, Belges et Allemands et 21% des Luxembourgeois.

Les montants sous gestion sont de plus en plus importants: 58% des clients se positionnent sur le segment des plus de 20 millions d’euros en compte. Les «petits clients» avec des avoirs inférieurs à 1 million d’euros représentaient fin 2019 8% des actifs sous gestion au Luxembourg contre 13% en 2015.