La procédure d’extradition aux Etats-Unis de Frank Schneider embarrasse les Français qui se sont montrés zélés lors de son arrestation en avril. Les juges de Nancy exigent les garanties d’un procès équitable pour l’ex-agent du SREL. Les Luxembourgeois observent un silence gêné. 

Frank Schneider, citoyen luxembourgeois, ancien numéro 3 du Service de renseignement de l’Etat (SRE), est à l’isolement dans une cellule du centre pénitentiaire de Nancy depuis le 29 avril dernier. Il est depuis lors sous «écrou extraditionnel» et devrait le rester jusqu’au 23 septembre au moins dans l’attente de la procédure d’extradition aux Etats-Unis qu’il conteste.

La juge Sarah Netburn de la Cour du district sud de New York a émis contre lui le 24 septembre 2020 un mandat d’arrêt international dans le cadre de l’enquête sur une escroquerie présumée à la cryptomonnaie OneCoin. Selon un des principaux inculpés, Frank Schneider serait un des «maîtres à penser» de ce schéma de fraude pyramidale de type Ponzi portant sur plus de 3 milliards de dollars.

L’intéressé a toujours démenti les accusations de complicité dans l’affaire. Son accusateur est le frère de la fondatrice de OneCoin, Ruja Ignatova, d’origine bulgare, disparue depuis octobre 2017. Nul ne sait où elle est depuis lors, ni si elle est encore vivante.

La justice américaine reprocherait entre autres à Frank Schneider d’avoir averti Ignatova, peu avant sa disparition, qu’elle était recherchée par le FBI. Il aurait également fait des paiements suspects via Sandstone pour le compte de OneCoin.

Avec les compliments du FBI

La demande d’arrestation provisoire de Schneider date du 4 février 2021. Il a fallu presque deux mois pour que la Brigade de recherche et d’intervention française (BRI) procède à son interpellation à 7h40 à proximité de la frontière au rond-point d’Audun-le-Tiche. Il venait de quitter son domicile principal à Joudreville en Meurthe et Moselle pour se rendre en voiture à Luxembourg, siège de la société de renseignement économique Sandstone qu’il a fondée en 2008, après son départ du SRE.

Les conditions extravagantes de son arrestation interpellent par leur brutalité et ouvrent des questions sur les véritables intentions des Américains derrière l’extradition d’un homme qui avait travaillé pour l’ambassade des Etats-Unis à Luxembourg avant d’intégrer le SRE comme chef des opérations et qui est depuis 13 ans à la tête d’une société d’intelligence économique. Le zèle avec lequel la police judiciaire française a exécuté la demande des Américains ne manque pas non plus d’interroger.

Il possédait de nombreux points de chute et connaissait les méthodes des forces de l’ordre par cœur.“Un commissaire de la Police judiciaire

Sophie Norman était au volant, Frank Schneider, son mari, et le fils cadet de 13 ans du couple étaient à bord lorsqu’un véhicule a braqué devant eux, forçant la conductrice à freiner brusquement. Une seconde voiture les a bloqués. Elle a fait le récit de la suite de ce qu’elle décrit comme «un kidnapping» dans une lettre du 26 mai au ministre des Affaires étrangères et européennes Jean Asselborn: «En quelques secondes, nous avons été encerclés par au moins cinq hommes armés tenant des armes à bout portant qui visaient nos têtes, y compris mon fils de 13 ans …