Pascale Toussing ne sera pas prolongée à la tête de l’Administration des contributions directes. Bonne technicienne, mais piètre communicante, elle a perdu la confiance de ses agents. La directrice s’est aussi attiré l’opposition du gouvernement et des milieux financiers.   

Yuriko Backes (DP) a posé l’un de ses derniers actes de ministre sortante des Finances: la publication d’une annonce de recrutement d’un directeur ou d’une directrice de l’Administration des contributions directes (ACD). De fait, cet acte de vendredi dernier scelle la fin du mandat de l’actuelle titulaire du poste, Pascale Toussing, qui y avait été nommée en 2017 en remplacement de Guy Heintz.

Les jours de Pascale Toussing étaient comptés depuis l’été dernier, lorsque cette dernière avait demandé le renouvellement de son mandat, qui prend fin le 31 décembre 2023. Selon les informations de Reporter.lu, la ministre de tutelle ne voulait pas prendre de décision avant les élections du 8 octobre dernier, laissant ce choix au prochain locataire du 3 rue de la Congrégation. Yuriko Backes a pourtant changé de stratégie, en pleines négociations de coalition entre le CSV et le DP. Il est probable qu’elle ait eu l’aval du formateur du gouvernement Luc Frieden (CSV). Le Premier ministre sortant Xavier Bettel (DP) était aligné sur la position de sa ministre des Finances. Il ne cachait pas, l’été dernier, à ses conseillers du secteur privé venant le visiter à l’Hôtel Saint-Maximin, son intention de remplacer Pascale Toussing.

Responsabilité collective

L’évincement de la directrice est le résultat d’une gestion catastrophique d’une des plus grandes administrations luxembourgeoises et de la plus archaïque aussi. La responsabilité est toutefois collective, Pascale Toussing étant entourée d’un comité de direction qui a cristallisé l’animosité d’une bonne partie des agents du fisc, en plus de s’aliéner l’inimitié des deux ministres de tutelle qui se sont succédé depuis le début de leur mandat. Le management très directif du directeur adjoint Luc Schmit est loin, aussi, de faire l’unanimité en interne. 

Pascale Toussing paie la rançon de son incapacité à faire avancer la réforme de l’administration fiscale qui assure près de 50% des revenus du pays. L’indigence de cette administration, la vétusté de ses systèmes informatiques et de ses locaux, son management défaillant, le climat toxique et la démobilisation des équipes ont été documentés en mars dernier dans un rapport du cabinet «Boston Consulting Group» (BCG). La firme a procédé à «une analyse de l’organisation de l’ACD». Le bulletin de santé qui en est sorti est alarmant sur l’état de découragement du personnel et les faiblesses du management …