Une avocate a été condamnée pour avoir fermé les yeux sur la société du fils de l’ex-Premier ministre pakistanais. La désinvolture avec laquelle elle a traité ce client sensible lui a valu une amende presque symbolique. Le Parquet réclamait pourtant une peine exemplaire.
L’avocate Marie-Béatrice Wingerter de Santeul a joué au chat et à la souris avec la justice. Ses demandes successives de remise de son procès pour violation de ses obligations professionnelles en matière de lutte contre le blanchiment ont fini par exaspérer les magistrats ainsi que ses pairs du Barreau. Son affaire a été appelée une troisième fois devant un tribunal correctionnel le 31 mai dernier en l’absence de la prévenue, souffrant de dépression. Son avocat demandait un nouveau report.
Le représentant de l’Ordre des avocats, partie civile au procès, s’est opposé à une remise du procès. Le représentant du Parquet était pour sa part catégoriquement opposé à une refixation. Remonté à bloc, il vit dans cette nouvelle défausse une énième provocation, rappelant que la prévenue avait tout fait depuis le début des poursuites à son encontre pour ne pas faire plaider son affaire, au prix de méthodes parfois redoutables.
Une enquêtrice accusée à tort
L’avocate avait ainsi incriminé une des premières enquêtrices de la Police judiciaire, l’accusant d’avoir falsifié des documents. La policière avait dû se justifier devant l’inspection générale de la police, la police des polices, mais elle sortit complètement blanchie des accusations la visant. L’enquête judiciaire impliquant Marie-Béatrice Wingerter fut après coup confiée à un autre policier, ce qui retarda d’autant l’instruction. A sept reprises, elle fit remettre ses convocations à la Police judiciaire.
L’affaire de Maître Wingerter est le genre de dossier qu’on ne veut pas au Luxembourg, même si on les a acceptés dans les années 1990.“Guy Breistroff, substitut du Procureur d’Etat
L’avocate a été citée une première fois devant le tribunal le 30 juin 2022, puis une seconde fois le 5 décembre dernier. A cette date, les juges lui accordèrent un répit de six mois, mais l’avaient fait prévenir qu’il n’y aurait pas de délai de grâce supplémentaire. Ils ont tenu leurs promesses le 31 mai dernier.
Après une brève suspension d’audience pour vérifier si les conditions d’un procès équitable étaient réunies, la juge a retenu l’affaire. L’avocat de la prévenue a quitté la salle en plein procès, arguant qu’il n’avait pas eu le mandat formel de la représenter. Pour autant, le jugement, prononcé le 16 juin, a été déclaré contradictoire.
En périphérie des «Panama Papers»
Au procès, deux policiers se sont succédé ensuite à la barre pour documenter une enquête presque banale. Celle-ci a comme point de départ une demande d’entraide judiciaire lancée en juillet 2017 par la Cour suprême du Pakistan …
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