Une page sombre de son histoire se tourne pour la franc-maçonnerie. Un ancien membre de la Grande Loge de Luxembourg a été condamné définitivement pour abus de confiance, après avoir tenté de mettre la main sur le patrimoine immobilier de la confrérie.

Jeudi 27 avril, la société anonyme «Sacec» organisait une assemblée générale «tenue extraordinairement», selon les termes de la convocation envoyée par son administratrice provisoire. Sept jours plus tôt, la Cour de cassation mettait fin à un des chapitres les plus douloureux de l’histoire de la franc-maçonnerie luxembourgeoise, qui a plus de 300 ans.

Jean Schleich, ancien franc-maçon et fils d’un des grands maîtres de la confrérie, a voulu s’emparer, avec l’aide de ses deux fils, des actions de cette société commerciale détenant des immeubles dans les beaux quartiers de la capitale ainsi que deux parkings au centre-ville. Le patrimoine immobilier de la Sacec, sur lequel les consorts Schleich ont tenté de mettre la main, a été évalué à plus de dix millions d’euros.

263.700 euros de frais d’avocats

Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de l’arrêt de la juridiction suprême sur l’avenir de la société et sa reconquête par les organisations maçonniques. «Il ne s’est rien passé le 27 avril. La cassation a été prononcée trop tard pour une assemblée dans le cadre de laquelle, on reprendra le dessus», témoigne, optimiste, un proche du dossier vis-à-vis de Reporter.lu.

Aux termes d’une procédure judiciaire à rallonge dans laquelle la Grande Loge de Luxembourg (GLL) et la «Sucol», une autre organisation maçonnique, étaient parties civiles, Jean Schleich, âgé aujourd’hui de 82 ans, a été condamné à une peine d’amende de 10.000 euros pour abus de confiance. Il a échappé à la prison, mais il devra aussi rembourser partiellement les frais d’avocats engagés par les loges. La juridiction en a fixé le montant à 100.000 euros, soit moins de la moitié des frais engagés (263.700 euros) dans ce litige hors normes.

Saisies judiciairement et placées sous séquestre depuis 2016, les actions de la Sacec, au cœur du litige, vont être partiellement restituées aux deux loges, considérées comme leurs propriétaires légitimes.

La Cour de cassation a rejeté le 20 avril, le pourvoi de l’octogénaire qui demandait sa relaxe au nom de la Convention européenne des droits de l’homme et d’un procès équitable dans des délais raisonnables. La plainte des francs-maçons visant le notable et ses deux enfants, pour des soupçons de détournement de la majorité du capital de la Sacec, remonte au 14 février 2012. Les accusations étaient lourdes …