Des associés d’un grand cabinet d’audit ont lancé à titre privé un fonds offshore pour spéculer sur les œuvres d’art. Un marchand d’art a abusé de la crédulité de ses partenaires en falsifiant des certificats d’authenticité. Il écope d’une amende de 2.500 euros.

L’artiste belge Wim Delvoye se souvient bien du jour de mars 2012 où Augustin Dufrasne est venu dans son atelier à Gand pour lui acheter des oeuvres. «Il s’est présenté un soir. Il avait l’air innocent d’un fils de bonne famille. Je me suis trompé, c’était un vrai escroc», assure dans un entretien à Reporter.lu le célèbre plasticien dont le Mudam possède plusieurs œuvres.

Augustin Dufrasne lui achète cinq dessins pour un montant d’environ 20.000 euros, selon les souvenirs approximatifs de Wim Delvoye. «Il voulait se lancer dans le monde de l’art», explique-t-il. Confiant, l’artiste lui acquitte la facture des œuvres, mais le chèque s’avèrera être par la suite sans provision. «Il a eu la facture, on ne pouvait pas vraiment dire que les dessins étaient volés», souligne l’artiste.

Wim Delvoye dupé

D’autres achats problématiques vont également se faire à la fin de l’hiver 2012 dans l’atelier de Gand, dont une sculpture, intitulée «The Death of Edin», pour laquelle Augustin Dufrasne verse un acompte de 8.000 euros et dont il a ensuite trafiqué la facture pour faire croire qu’il l’avait intégralement payée. Wim Delvoye ne se rappelle que vaguement de cet épisode. Pour autant, la justice luxembourgeoise ne l’a pas oublié, car cet objet controversé a été, avec d’autres sculptures d’un autre artiste, au centre d’une enquête judiciaire pour faux, usage de faux, escroquerie, escroquerie à l’assurance, abus de confiance, vol et tentative de vol. Le jugement est intervenu le 6 juillet dernier.

Grâce à Chantal et Augustin Dufrasne, vous pourrez loger dans un des meilleurs hôtels de la ville et bénéficierez d’invitations réservées aux galeries et aux collectionneurs: preview, cocktails, visites, conférences… L’art est à vous! »Catalogue 2012 du bal de la Croix-Rouge

A l’époque des faits, Augustin Dufrasne est à la tête d’une galerie d’art à Uccle, la banlieue chic de Bruxelles, «A+G Fine Arts», constituée en 2008, mais radiée du registre des sociétés belges en septembre 2014 pour ne pas avoir déposé ses comptes annuels pendant plus de trois exercices d’affilée. La clôture de la faillite est intervenue en avril 2023. Le nom du ressortissant belge se retrouve en Suisse comme gérant de la galerie d’art «AD Fine Art AG», appartenant à son épouse allemande.

Augustin Dufrasne n’a pas seulement dupé la confiance des artistes. Il a aussi trompé celle de professionnels de haut vol de la place financière luxembourgeoise qui ont utilisé son expertise pour monter un fonds d’investissement offshore spécialisé dans la vente d’œuvres d’art …