François Pauly va quitter le groupe franco-suisse Edmond de Rothschild dont il avait pris la direction en 2021, après le décès de Benjamin de Rothschild. Son départ s’expliquerait par des vues divergentes sur le modèle d’affaires avec la Baronne Ariane de Rothschild.
En prenant la tête du comité de direction du groupe Edmond de Rothschild il y a un an et demi, François Pauly, 58 ans, était devenu un des rares Luxembourgeois à occuper une haute fonction dirigeante à l’étranger. Son passage chez cet acteur majeur de la banque privée et de la gestion d’actifs aura toutefois été de courte durée.
Le départ du Luxembourgeois, à tout le moins son annonce officielle, va intervenir à la mi-mars. Selon les informations de Reporter.lu, Ariane de Rothschild, qui préside le holding familial depuis le décès de son mari Benjamin de Rothschild, va prendre le relais de CEO, cumulant ainsi les deux fonctions au sein du groupe. «Cela va mieux correspondre au modèle d’affaires», indique une source proche du dossier.
Le groupe familial Edmond de Rothschild est constitué d’un pôle financier et bancaire présent dans 16 pays, dont le Luxembourg avec la Banque Privée Edmond de Rothschild Europe, ainsi que des activités «art de vivre» (principalement l’exploitation de vignobles) et philanthropiques.
Un talent remarquable
A l’annonce en mai 2021 de la nomination de François Pauly, qui présidait depuis 2016 le conseil d’administration de la filiale bancaire luxembourgeoise, Arianne de Rothschild saluait «son talent et son expérience professionnelle remarquables. Il bénéficie d’une connaissance fine du groupe, de sa stratégie et de ses enjeux futurs».
Dans une interview au «Luxemburger Wort» en octobre 2021, la dirigeante indiquait vouloir simplifier la structure du groupe et doubler la taille de ses actifs. François Pauly, qui participait à l’entretien, confirmait les plans de développement rendus possibles grâce à des capitaux excédentaires de 600 millions de francs suisses: «Nous pouvons nous développer sur toutes les places, que ce soit à Luxembourg, Bruxelles, Paris, en Suisse ou ailleurs en Europe», expliquait alors le banquier qui cherchait aussi à positionner le groupe avec «une présence physique au Moyen-Orient» et trouver de nouveaux partenariats en Amérique du Sud avec «des acteurs qui partagent nos valeurs d’investissement».
Sur le marché domestique luxembourgeois qu’il jugeait alors «loin d’être saturé», François Pauly fondait aussi des espérances dans les métiers de la banque privée et de la gestion d’actifs.
Au Luxembourg, la Banque Privée Edmond de Rothschild Europe est empêtrée dans le scandale «1MDB», du nom des détournements de 2,7 milliards de dollars du fonds souverain malaysien qui ont été en partie (472 millions de dollars) blanchis au Luxembourg.
L’enquête judiciaire va fêter ses 7 ans et fait travailler presque à plein temps quatre avocats de l’étude Arendt pour assurer la défense de la banque, qui a été inculpée pour violation de la loi sur le blanchiment il y a quatre ans, après avoir été lourdement sanctionnée (8,99 millions d’euros d’amende) par la CSSF pour ses manquements graves à la lutte contre le blanchiment et la corruption. L’ancien CEO, Marc Ambroisien, a également été inculpé de blanchiment et d’abus de confiance.
François Pauly avait conservé ses mandats d’administrateur dans le holding familial Compagnie financière La Luxembourgeoise, l’assureur Lalux Group et le holding belge Cobepa. Le banquier a été administrateur-délégué de la banque privée Sal. Oppenheim (rachetée par Deutsche Bank) et a présidé le comité de direction de la BIL (2011-2014), puis son conseil d’administration jusqu’en 2016.
Contacté par Reporter.lu, le service presse du groupe Edmond de Rothschild n’a pas souhaité confirmer ni commenter nos informations: «Le groupe ne fait pas de commentaire», a fait savoir sa porte-parole. François Pauly n’a pas répondu aux sollicitations de la rédaction.