Financé par le denier public mais jamais construit, croupissant dans un hangar, un radar d’aviation est au coeur d’un litige entre le gouvernement et son fournisseur. Le dossier vient de rebondir en justice. L’Etat a toujours échappé à ses responsabilités.
L’affaire du radar pour l’aviation civile commandé, payé mais jamais installé va probablement poursuivre François Bausch (Déi Gréng) au-delà de ses deux mandats de ministre en charge des transports. Jeudi 15 juin, la Cour de cassation a renvoyé devant la Cour d’appel un litige initié par «Sogel», le représentant exclusif de la firme italienne «Leonardo», afin d’obtenir de l’Etat luxembourgeois des dédommagements pour ne pas avoir honoré son contrat. L’enjeu financier porte sur plus de 1,1 million d’euros, sans compter les intérêts portant sur presque 20 ans.
Les procédures devant les juridictions civiles et administratives témoignent de l’embarras du pouvoir vis-à-vis d’un énigmatique marché public qui remonte à 2005. Elles documentent aussi des hésitations de certains magistrats à appliquer le droit dans une requête pourtant simple de rupture unilatérale de contrat, avec des dommages et intérêts à la clef.
Le made in Italy au Findel
L’aéroport de Luxembourg et le constructeur italien «Selex Sistemi Integrati» (rebaptisé Leonardo), ont longtemps vécu une histoire d’amour et de fidélité. «Cette relation ne se justifiait pas toujours par la raison», fait savoir un proche du dossier qui requiert l’anonymat. Les Italiens, via leur sous-traitant Sogel au Luxembourg, ont équipé presque tous les systèmes de navigation et de sécurité du Findel, raflant la plupart des marchés publics passés par l’Administration de la navigation aérienne (ANA). Le contrat du 3e radar n’échappa pas donc à Leonardo qui se félicitera dans un communiqué de ses «bonnes relations» avec le Luxembourg depuis les années 1990.
Le radar TAR 3 ne sera pas construit. Nous considérons ce dossier comme clôturé. »Le directeur de l’ANA
La marchandise est livrée en 2007 en même temps que la commande d’un deuxième radar d’aviation, TAR 2. Il y en a au total pour plus de 5 millions d’euros. La mise en place de ce radar principal au Findel, qui ressemble à la boule de golf, va poser tellement de difficultés techniques que les autorités de contrôle aérien vont stopper plusieurs mois son chantier …
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