Le Fonds du Logement a publié les chiffres de sa production en 2020. Le gouvernement a doté le bailleur social de grands moyens et de splendides locaux, mais les réalisations de logements à des prix abordables arrivent sur le marché au compte-goutte.

Le Fonds du Logement a loué presque autant de parkings (135) et de commerces (2) en 2020 qu’il a attribué de logements sociaux ou relogé ses locataires (146), ce qui est pourtant un aspect fondamental de la mission de l’établissement public.

Henri Kox (Déi Gréng), son ministre de tutelle, affiche pourtant de grandes ambitions pour le bailleur social qui gère un parc de 2.003 logements répartis dans 48 communes. Ses fonds propres sont passés de 422 millions en 2019 à 434 millions en 2020. Ses effectifs ont augmenté de 15%. 130 personnes travaillent désormais pour ce qui est devenue une PME du logement à prix abordable, qui s’est offert un tout nouveau siège à Luxembourg-Merl. Le loyer s’élève à 143.000 euros par mois, selon le bilan publié début août.

«Une nouvelle ère»

«Pour être à la hauteur de ses ambitions et pour suivre au mieux le rythme qu’il s’impose, le Fonds s’est donné les moyens nécessaires», se félicite Henri Kox dans la préface du rapport annuel. Le ministre promet «une nouvelle ère» pour le Fonds. Sa présidente Diane Dupont table sur la livraison de 4.600 logements «à moyen et long terme».

En 2020, sa production est restée très en-deçà des ambitions du ministre: 82 logements ont été mis sur le marché. 135 autres devraient être livrés «dans un avenir proche», sans plus de détails sur l’échelle de la temporalité. 177 projets sont en cours, notamment dans les nouveaux quartiers urbains à Wiltz et à Dudelange, sans, là non plus, que la date de livraison soit connue.

Selon le rapport annuel 2020, seuls 28 projets étaient en construction ou au stade de l’infrastructure, 98 étaient des projets «en développement» et 51 autres des «projets en étude». Le stock locatif a progressé de 66 unités entre 2019 et 2020 (+3%). La vente aux particuliers n’a pas fait mieux: le bilan en mentionne 16 au total, qui ont rapporté 16,8 millions. Sur ces 16 unités, 10 seulement étaient destinées au logement, le reste concernait les ventes de parkings (4), de commerce (1) et les reventes (3).

La production de logements par l’établissement public est – bien évidemment – insuffisante pour couvrir les besoins de la population résidente. En 2019, le Statec évaluait la demande à 5.600 logements – tous logements confondus – par an pour accompagner la croissance jusqu’en 2060. Les besoins en logements sociaux avaient été estimés en 2018 à 30.000 unités, nécessitant de mobiliser 1.000 hectares du périmètre constructible qui s’établit actuellement à 2.850 hectares. Le Fonds du Logement mentionne l’acquisition l’année dernière de 1,45 hectare de terrains pour compte propre et de 5,09 hectares pour le compte de l’Etat.

Acteur majeur du pacte 2.0

A côté de sa vocation de grand bailleur social, le Fonds assure des missions – moins connues – d’urbanisme conseil pour tiers, notamment les communes dont il est «un partenaire privilégié». L’établissement public cherche ainsi à se positionner comme «un acteur majeur du pacte logement 2.0 pour la réalisation de logements abordables», selon les propos de Henri Kox.

«Tous les départements sont mis en phase avec les défis futurs. Le promoteur, développeur, gestionnaire de patrimoine, expert en projet de rénovation, bailleur et accompagnateur social, Fonds du Logement est armé pour le futur», assure le ministre.

Le Fonds du Logement a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 29,4 millions d’euros dont plus de la moitié (16,24 millions d’euros) portait sur des locations et des ventes non subventionnées.